CÉDRIC LE PENVEN
Je ne comprends pas grand-chose
à ce que je suis, à ce que je dis
Je m’étonne encore souvent
que ces mains s’agitant devant moi
soient le prolongement de cette voix intérieure
qui chuchote et chuchote encore
des paroles étranges
Nulle histoire, nul message
juste des phrases offertes
que je place au milieu d’une page vide
dont je pèse chaque mot, interroge
chaque virgule, comme s’il en allait
de la forme d’un visage
qui me ressemblerait enfin.
Il faut si peu pour disparaitre
l’homme qui penche
dévale ses pentes
ici ou là tentative de reprendre pied
de rappeler les souvenirs
qui aident à tenir debout
Si les livres n’offrent pas de réponse
si ceux que j’aime n’ont pas les mots
comment soutenir son propre regard
tous les matins, cette joute dérisoire
(je renonce sans avoir reconnu mon visage)
Nuit de peu
Nuit du regard porté au dedans
parce que le ciel vide et noir enterre ses oiseaux
nul bras pour enserrer les songes
juste une envie de s’endormir trop longtemps
d’oublier l’aube qui accroît son cercle de lumière