CHAMPIGNONS

                                aux formes étranges

 

Avoir une connaissance précise de ces créatures étonnantes rencontrées lors de nos balades est un vrai défi!  ! Il ne faut, donc, surtout pas s'attendre, en entrant sur cette page, à en ressortir savant en mycologie! Passez vite votre chemin si vous êtes dans cette attente! 

Mais restez, si le simple plaisir de découvrir avec nous ces merveilles vous est suffisant!

 

TRAMÈTES

 

 

Un automne très pluvieux, froid mais pas trop, quelques épisodes de douces températures : les conditions sont bien là pour qu'au milieu des broussailles, branches tombées à terre, troncs séchés agonisant sur pied, souches abandonnées, arbres écrasés au sol vaincus par la tempête, ces fossoyeurs que sont les champignons s'activent dans tous les recoins de la forêt. Que ce soit dans celle de Sivens ou celle de Grésigne, forêts tarnaises, lieux privilégiés de nos balades et de nos rencontres, ils sont là, bien présents, multiples dans leur forme, leurs couleurs, leur texture, leur odeur. Parasitant parfois d'autres champignons; parfois dispersés, ou solitaires; très souvent groupés, entassés les uns sur les autres.

 

Un premier constat après un après-midi à trainer dans les sous-bois :  l'importance de cette population, son impressionnante diversité. Et ces champignons - qu'on peut avoir du mal à identifier comme tels -  n'ont, de plus, rien à voir avec tous les champignons classiques que nous aimons trouver dans nos assiettes  ou dont les silhouettes nous sont familières : lactaires, russules, bolets, chanterelles, pleurotes, etc. Dans nos rencontres, rien d'évident, nous ne sommes pas en terrain connu et les surprises sont permanentes. Tout est à découvrir. Le travail de recherche se continuera de retour chez soi pour, quand même, essayer de mettre un nom sur ces champignons. Mais quelle galère!! l'identification se révèle très complexe! A un détail près, on peut passer d'une espèce à une autre, on peut confondre très facilement deux individus qui paraissent très proches. Bref on en perd son latin !! Ce qui pour un botaniste, même en herbe, est parfaitement insupportable!

Donc soyons modestes et prudents : certains champignons n'auront pas trouvé, dans cet article, leur nom, ce qui n'empêche pas de les admirer, ni de continuer à chercher!

 

QUELQUES PROCHES VOISINES

Schizophylles blanches, Stérées orangées, Exides noires (Exidia troncata) ...

 

Certains champignons semblent dominer l'espace et être omniprésents : Tramètes,  polypores, stérées,... Ils jouent tous un rôle essentiel dans la forêt, celui de fossoyeur! Ils se nourrissent, en effet, de tous les végétaux en décomposition.

 

LES TRÉMELLES

"Le beurre des sorcières"

D'autres champignons,plus discrets de par leur nombre, sautent aux yeux par leur forme et surtout leur couleur  jaune ou orange flamboyants : les trémelles.

 Ce nom « trémelle » vient du latin tremere signifiant trembler et du suffixe -ella, petit. Et mésentérique parce que, pour ceux qui le découvrirent, sa forme pouvait se comparer à une partie de l’intestin, le mésentère !  Son existence, relativement commune, est connue et inventoriée dans la taxinomie de Linné en 1770 (Genre Tremella).

 

De consistance gélatineuse, constitué de circonvolutions serrées les unes contre les autres, tremblotant au premier contact, se gonflant sous la pluie, ce petit champignon attire immanquablement le regard par ses couleurs vives, translucides, du jaune clair à l’orange flamboyant. Installé sur les souches, les bois morts, les troncs d’arbres et les branches desséchés, se nourrissant de débris organiques. Solitaire, dans cet environnement automnal ou hivernal de la forêt, en saison brumeuse et grise atténuant les couleurs, il est unique, le seul à porter aussi franchement cet habit de lumière.

Il peut apparaitre sous les pas, dans un entremêlement de branches, bien installé sur une carcasse de bois glissant dans la boue. Ou, tout en haut des arbres dénudés, dans un repli, un creux de branche. Il est là, petite tâche de couleur incrustée dans les fibres du bois, au plus près du ciel.

 

Il est peu probable que ce champignon ait pu inspirer poètes et écrivaillons, par sa simple existence au fin fond des forêts. Mais le surnom qui lui fut donner ouvre toutefois sur l’imaginaire et l’utilisation des légendes, pour expliquer le monde.

Les villageois et paysans d’autrefois, vivant des produits ramassés dans la nature, trouvèrent en effet, pour ce champignon un surnom qui lui donnait toute sa place dans le monde fantastique et redouté des sorcières :  Le « Beurre de la sorcière ». Dans la légende, ce champignon, visqueux, couleur de feu, était un don fait par le Diable aux sorcières. Et pour les faire apparaître et leur faire perdre leurs pouvoirs malfaisants, il suffisait de brûler ou d’écraser le champignon.

 Injuste destin pour cette malheureuse créature, pourtant discrète - peu d’odeur et pas même toxique. Une Trémelle, d’une couleur peut-être jugée diabolique, mais coupable, tout bonnement, de n’être pas comestible et, maudite, condamnée à servir de beurre aux sorcières.

 

Et avec la Trémelle, nous entrons dans le monde de l'imaginaire, de la fiction, de la sorcellerie. Et donc de la littérature, voire même peut-être, de la poésie!

 

 

 

UNE AUTRE CURIOSITÉ

LA PÉZIZE (Sarcoscypha coccinea)

Attention! Elle est souvent recouverte de feuillage, sa tâche rouge lumineux la dévoile et nous évite de l'écraser. Elle s'accroche aux troncs des feuillus morts : hêtres, ormes, noisetiers...) mais jamais sur un tilleul : "chasse gardée" pour une petite "cousine" : la Pézize écarlate (Scarcoscypha jurana).