Pour Ile, l'ouvrage poétique devrait consister à mêler absolu et matière sans subterfuge ni artefact.

 

Quelques extraits de ce recueil sous forme de textes poétiques.

Eprise d'absolu, je me rends compte de la vie sans monnaies ni calcul. Un état. Le ciel noir comme coups, les coups bleus comme ciels, les montagnes pour phares, les phares pour chemins, les chemins vers la mer, la mer secouée de voyages, les voyages bordées d'arbres, les arbres pour le souffle, le souffle dans le ciel. Un état. De ce plein, je me tiens à l'entrée, éblouie. Ici les mots ont leur part de chair et de silence.

L'amour signe une page blanche. Je laisse les formules cruentées de passions, les ports de tournures fardées, l'amarre des points. Je prends le large du carnet, l'aimer pour fanal, la joie pour gouvernail. Ma faim sur la barre du papier, je suis le mouvement d'encre. La ligne d'horizon traverse mon cahier. Je parcours ses encrages. Barque simple, solide, qui tient tête aux orages, aux tournures venteuses, aux métaphores d'illusion. La vague et puis la vague dans le désir du sens . Je bâtis le texte, c'est là que je m'attends. L'aile entre deux voyelle. L'île pour mouillage. Nos voyages pour un seul. La maison sur la mer.

Quand sera mon temps de plus haut chemin. Mon temps de robe claire, de vent, de voix amies, de lumière douce, et de fleurs des champs. Que ce soit la tendresse dans la plus sûre main. L'union et le noyau que j'ai toujours cherchés et qui jamais, ne m'ont abandonnées. Que ce soit l'absolu plus grand que la raison. L'eau du rossignol dans la gorge du jour, la joie d'une fontaine. Et que ce soit l'amour. Celui donné, reçu. Et puis celui inemployé qu'il faudra consoler. Quand ce sera mon temps de source et d'estuaire, que chacun mercie l'herbe, la pierre, l'arbre, la bête, l'air, le feu, l'eau et la terre. Toute chose qui porte sans jamais demander. Et puis chacun de vous. Quand ce sera le temps de la plus haute vie après le dernier geste, que ce soit dans l'exact, la bonté la plus humble. Dans toute bienveillance. Et que ce soit je t'aime du plus juste soleil.

Ils croient leur vie plus importante que le moineau. Leur esprit plus savant que la pierre. Ils rient de la pauvreté et du rossignol. Ils courent, ils fabriquent, vendent, achètent. Posent des fers. Ceci, cela , encore, plus,. Le manège tourne et tourne sur lui même. Engin tueur, ils orchestrent leurs jeux en massacres légaux. La bonté meurt, confettis sur leur bacchanales. Ils prennent, vident, avides. Pillent, possèdent, jouissent, vomissent. Leurs têtes aveugles au billot des plaisirs vont du sexe aux monnaies, du vouloir au profit. Et d'analyses en sècheresse, ils mangent le coeur et la mort des autres. Les mots souffrent d'être leur langue. Les mots se taisent. Les mots s'évadent. quittent l'arène pour approcher la mer. Pour regarder le ciel. Pour écouter l'air. Un chant du haut abonde l'univers, mercie le soleil remonté chaque jour.