RENÉ SIESTRUNCK

 

 

 

 

 

 

Photographies Annie et Jean-François Béné

Préface de Jean-claude Guillebaud

Texte de René Siestrunck

2008

 

 

 

 

 

Clarée!

A ses extrémités, des singularités. A sa naissance, au delà du seuil des Rochilles, où commence la Savoie historique, deux lacs encore, au mépris de la politique, donnent, souterrainement, leur eau à celui qui enfante la Clarée.

A son terme, c'est l'anomalie si souvent signalée du ruisseau Durance descendu du Col de Montgenèvre et du plateau des Gondrans qui emporte le nom vers la Provence...

Remontons au lac de la Clarée, au déversoir,. Quelques pierres posées comme pour un gué. C'est une naissance discrète. L'hésitation avant de partir dans le monde. Puis, elle se donne,joue le jeu, elle est rivière torrentielle avec toutes les figures du genre.

Elle est ce ruisseau clair, net, contenu par une gorge abrupt coupée pat des banquettes de rhododendrons.

Elle est subitement alanguie, nonchalante, caressante, grandie trop vite, perdue sur un replat devenu éponge,"sagne" sur laquelle se balance les toupets blancs des linaigrettes.

Elle est cascades, qui ont nom Eycharène, Fontcouverte et Debarets, et ont donné lieu à la fin du XIXème siècle, aux premières extases touristiques, "rivière de diamant", "rivière d'argent". On est dans le limpide, le pur, le transparent, la quintessence de l'eau, un composant alchimique.

 

 

 

 

Aquarelles de Christian Burdet

 

Texte de René Siestrunck

 

Éditions Le Tournefeuille.

1999

 

 

 

 

 

 

Sous la neige, les villages sont des îles. Halo des phares, piqués de flocons, halo des lampes, la lumière étend sa nappe protectrice. De loin, comme une bulle lumineuse et ouatée. Moins de vent.

Peut-être, mais plus de courants d'air, suivant les ruelles.

Le village est une île. tout fait trace sur son rivage.L'ornière des roues, le creux des pas, l'empreinte de la pelle. Rauque, le raclement de la pelle sur un caillou. Les pelleteurs ne se sont pas donné le mot. On voit le paquet de neige envoyé haut, envolé, renvoyé par le vent. Crissement des chaussures dans la neige très froide. Puis elle se cognent l'une contre l'autre, puis l'une après l'autre contre l'autre. Une corvée de faite. La maintenance, le minimum. On fait un tour au grenier, pour vérifier la charpente, l'étanchéité, le conduit de cheminée. Là-bas, par l'étroite fenêtre, on voit la neige glisser d'un toit, au ralenti. Un soupir. Un souffle.